Les 3 ponts de Montpon
Travail et recherches des documents et photos d'archives effectués par Monsieur LASSIGNARDIE
Les cartes postales
Faisons une balade dans le Montpon de 1900
La traverse de Montpon
Lorsque nous entrons dans Montpon par la route de Périgueux, après avoir laissé à notre gauche la place Clémenceau et l’office de Tourisme, nous arrivons à la place Aurélien Brugère, à l’arbre de la Liberté et au carrefour de la route de Sainte-Foy. En face de nous part la rue Thiers en direction de Bordeaux.
Tout cela est évident mais… Arrêtons-nous au niveau de la BNP et du bar St-James
Fermons les yeux, et… Revenons deux cents ans en arrière, ce n’est plus le même spectacle.
Devant nous, au premier plan, c’est le ravin du Chavat, ce petit ruisseau qui draine les eaux de la plaine de Very. En bordure droit devant, se trouve la maison de mademoiselle DAIX, dans le creux à gauche les vestiges d’un pont étroit. De l’autre côté du ravin nous voyons une petite chapelle en torchis propriété de la commune, une auberge appartenant à Monsieur PUY-VIEUX, la maison de François LAMARQUE et tout derrière bordant la place du château appelée par la suite place du marché aux bœufs puis place des 3 frères LAPLAGNE une suite ininterrompue de bâtisses partant de l’actuelle place de la mairie jusqu’à la rue de l’Ormière. (La rue Thiers n’existait pas encore).
Une fois ce ravin traversé le voyageur laisse sur sa gauche le chemin menant à Sainte-Foy, passe près d’une auberge, près de la halle, (ces deux bâtisses étaient sises sur la place de la halle, maintenant place Ganbetta ou place de la mairie) arrive place du Triangle qui après démolition des maisons du XIV ème devient place de Metz tourne à droite dans la petite rue Carnot et retrouve la route que nous connaissons aux environs du bureau de tabac. Parcours difficile et sinueux même pour le voyageur de l’époque, deux attelages se croisant difficilement, dans ces rues étroites.
Note : la partie de l’actuelle rue Thiers comprise entre le bureau de tabac et les maisons bordant la place du château s’appelait à l’époque l’impasse d’Eygurande.
Dés 1811 des projets d’alignement sont étudiés par les services de la Préfecture. Il s’agit tout d’abord de franchir le « ravin de Montpon », pour cela un large pont est projeté, mais il faut démolir tout ce qui se trouve dans l’alignement.
Avant le Chavat, se trouvent en plein sur le passage la maison de Mademoiselle DAIX, à démolir, les maisons de Messieurs HUGON, ESSAURIER, et BARADIS sont frappées d’alignement et coupées en profondeur. Après le Chavat ce sont : la vieille chapelle, l’auberge PUY-VIEUX, la maison de François LAMARQUE qui gènent, à démolir. La chaussée prévue doit faire 12 m de large. Par la suite le pont sera élargi jusqu’à l’alignement des bâtiments pour en faire ce qu’est aujourd’hui la place Aurélien Brugère. Il couvre au sud les ruines de l’ancien pont.
Il semble que ces démolitions n’aient pas soulevé trop de problèmes car en 1813 les plans sont approuvés par Monsieur le Directeur Général des Ponts et Chaussées, alors que la seconde partie que nous verrons plus tard est ajournée.
Ces projets d’alignement ont été étudiés après l’envoi de nombreuses réclamations tant des habitants que des autorités.
″le bourg de Montpon, petite ville avec fortifications ruinées, tant des habitants que des autorités est situé sur la route de Lyon à Bordeaux, à une distance de 52.434, 50 m de Périgueux, il est traversé par une rue qui, partant d’un ancien pont étroit construit sur un ravin profond à l’entrée de ce bourg fait deux coudes à angles droits resserrés et d’ailleurs assez étroite de toute une longueur de 300 m″.
Cela est suivi d’un plan de rectification et de l’emplacement d’un pont à construire sur le ravin.
Dans une lettre du 23 août 1810 Monsieur le Maire de Montpon alerte la Préfecture du mauvais état du pont qui malgré de récentes réparations menace ruine.
Dans son rapport du 26 décembre 1810 l’ingénieur en chef du corps impérial des Ponts et Chaussées demande la construction d’un nouveau pont :
″……surtout pour une route aussi passagère que celle de Périgueux à Bordeaux, la seule route du département ou la poste soit établie". Il donne des détails sur la configuration du sol pour l’établissement du nouveau pont. Donne un itinéraire de délestage par un pont situé à 240 m en amont (rue du Chavat communément appelée la ″Pissarotte″) déviation de 1250 m qui parait plus convenable d’établir que de faire un pont provisoire sur le ravin. Le nouveau pont aura une ouverture de 10 m, une largeur d’une tête à l’autre de 660 cm pour avoir 580 cm de voie publique ? LE NOUVEAU PONT EST PREVU POUR LA SOMME DE 19.000 Francs.
Une note du 21 avril 1813 fait état de l’acquisition, de la démolition de la maison de Mademoiselle DAIX, de l’ancienne chapelle, de l’auberge PUY-VIEUX, et de la maison de François LAMARQUE. Vu la rapidité de l’exécution, il est à penser qu’une solution amiable ait dû être trouvée.
Le 16 juin 1813, les travaux concernant le pont sont mis en adjudication pour la somme de 33 320, 62 Fr.
Parmi les nombreux adjudicataires c’est Monsieur MASSOUBRE entrepreneur à Périgueux qui est retenu (12 janvier 1814) et qui après modification du projet obtient l’ensemble des travaux pour une prévision de 36 733, 73 Fr.
Le 29 janvier 1814, les Ponts et Chaussées demandent à la Préfecture d’accélérer le commencement des traveaux car :
″Le pont de Montpon menace ruine depuis longtemps, sa chute qui devient de plus en plus imminente intercepterait les communications sur la seule ligne de poste que possède le département. On ne peut donc en commencer trop tôt la construction qui d’ailleurs ne peut s’effectuer dans une campagne à cause de l’éloignement des matériaux qu’on doit prendre à une distance de 10 kms et transporter par des chemins qui ne sont praticables que dans les plus beaux temps de l’année."
Les travaux sont entrepris le 14 mai 1816 avec plus ou moins de bonheur car les matériaux employés sont trop tendres et créent des fissures dans la voute. Le 28 mai 1817 Monsieur MASSOUBRE décède et c’est son fils Sicaire qui continue le chantier pour livrer le pont à ″ la voie publique″ le 29 décembre 1817. Les travaux seront terminés en janvier 1818 et auront couté 38 682,28 Fr.
À noter que le pont fait 12 m de large, sur une voute de 4 m plein centre avec une hauteur de 8 m. Il sera élargi en 1865 pour amélioré la place servant de « champ de foire », élargissement pris sur la surface du jardin SARRUT.
Le pont sur le Chavat terminé, il sécurisait la circulation de la route de 3eme classe n°107 de Lyon à Bordeaux mais il fallait toujours passer par la place de la halle, la place du triangle, et la rue Carnot, chemin étroit et tortueux.
Nous avons vu que la rue Thiers n’existait pas. Il fallut opérer une saigné dans l’alignement des maisons bordant la place du château. Voir plan cadastral de 1843 à gauche
Un premier projet présenté en même temps que celui du pont a échoué (11 janvier 1811).
Il est à penser que l’opposition des riverains soit liée à une note confidentielle demandée par la Préfecture pour le dédommagement des propriétaires. En effet l’indemnisation était calculée en fonction de la partie génante de la construction. Ainsi, prenons un exemple : une maison construite partie en moellon, partie en bois paraissant devoir 4.000 Fr, la partie à prendre pour la mise en alignement de la route représentant le 1/6ème de sa surface, et bien on l’indemnisa au 1/6e de sa valeur soit 666 Fr. Et ce sont 13 bâtiments et 13 propriétaires qui sont concernés. Que faire de la partie amputée ? A part de tout démolir pour reconstruire plus loin (c’est d’ailleurs ce qui semble avoir été fait d’où l’opposition des riverains). Messieurs BRUGERE, BARRA, JOYEUX, DEFARGE, entre autres tentent de s’opposer au projet. Le 18 septembre 1840, l’ordonnance du roi met tout le monde sur le même plan par l’achat et l’expropriation pour cause d’utilité publique. On parle alors de Route Royale n°89.
Un rapport confidentiel fût demandé à Monsieur Le Maire de Montpon concernant la démolition des bâtiments pour l'ouverture de la Route Royale N89.
Un plan datant de 1884 donne la configuration que nous connaissons aujourd’hui. Que s’est-il passé entre ces deux dates ? Comment ont été indemnisés les propriétaires ?